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reprise... conversations à l'intérieur d'un mur (extrait)
toile. jlmi
Déjà
Ce que j’écris
S’efface en l’écrivant
Comme une lampe
Encore chaude
Que la lumière a fui
Un phare
Qui ne sait plus
Où la mer s’est retirée
Un oiseau
Qui se retourne
Et ne voit rien du vent
Qu’il a brassé
Où
Est l’amour
Et que s’est- il passé
Ces derniers dix
Mille ans
*
Le corps s’est fatigué
La photo d’identité
Qui avait une laideur
D’avance
Sur l’ourlet des lèvres
Et l’arrondi des joues
A aujourd’hui raison
On ne sait
Quel tampon de douanes
Ou de police du temps
A pu frapper si fort
Ni quelle agrafe
A rouillé près des tempes
Pourtant
On se servait de ça pour
Passer
Les frontières des filles
Et voyager
Dans le lit de leur regard
*
Rien de plus dur que
Les noix
De muscade du passé
Mais la râpe du temps
Est en inox
Alors
Pour aimer encore un
Peu
On feuillette
Les cahiers d’écoliers
Les brouillons
Et les livres d’images
Défraîchis
Que la vie a griffonnés
Sur la peau
Pour passer
L’examen de savoir
Si l’âme avait
Espéré autre chose
Un serment un mot
Par exemple
Un billet aller simple
A deux
Pour n’importe où
*
Je me souviens des instants
Où j’étais l’univers
Quand il n’y avait
Rien d’autre que l’évidence
Je me rappelle être sorti
Du temps
Pendant que tu donnais
Mon nom
A chaque goutte de pluie
Qui tombait
Sur la vague en désordre
Des longues
Inondations de nos sens
Et on faisait
L’amour de toutes les façons
Qu’ont les nuages
Je me rappelle
De chaque fabuleux vagin
Du crépuscule
Et de la chair de poule
Des étoiles
Sur la peau douce du monde
Des secousses d’automates
Dans la vitrine de Noël
De nos corps
Des coups de reins du vent
Quand tremblaient
Dans l’arbre de nos désirs
Les lampions
Multicolores d’une caresse
Et surtout des trottoirs vides
Du silence
Sur les digues
Face au trou noir de l’océan
Que soulève
D’un râle
La volupté houleuse de la nuit
Jusqu’à ce que la lumière pâle
Frotte son zeste
De citron
Sur la gencive rose de l’aurore
*
Rien n’est venu
De ce que nous attendions
Avec l’obstination
De ceux qui grattent
Dans le plâtre des cellules
Le compte des jours
Aucune aube
Qui ne soit restée une aube
Aucune lumière
Que l’ombre ne rattrapera
Et nous nous somme mis
A aimer
La persistance des vinaigres
Et l’amertume
Insatisfaite des alcools
Rien n’est venu
De ce que nous attendions
L’instant
N’est pas dans ce qui attend
*
Aujourd’hui nous sommes
Ce que l’attente a
Fait de nous
Quand donc viendront
Ces choses
Entendues chaque fois
Que souffle
Dans la tempête
L’écho des promesses
Non tenues
Sans qu’on sache par qui
Ni de quoi ils s’agit
Et qui sait si cette absence
N’est pas
Tout ce que l’on attendait
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