• Titre de Transports  (extrait)

    ill. Marcel Carné   (Quai des Brumes)

     

     

    Je voyageais

    Parce qu’au bout du quai

    M’attendait

    L’amour aux bras tendus

    Debout sur

    La pointe des chaussures

     

    je ne voyageais

    Que par ce qu’au bout du

    Quai m’attendait

    Cet amour aux bras tendus

     

    Et les millions de pétales de

    Roses qui tombaient sur les

    Verrières de la gare du Nord

     

    Et les horaires

    Jamais en retard : l’hiver en

    Manteau d’hiver

    L’été en petite robe de soie

    Et le son assourdi

    De sa poitrine dans la loco

    Qui respire

     

    Je n’ai d’autre bagage que

    La peur qu’elle

    Ne viendrait pas attendre !

     

    Et je plonge dans ce qu’elle

    Prononce

    Comme celui qui ne sait pas

    La nage et n’a pas de bouée

     


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  • l'oeil & la plume...   pour parler aux mouettes

                                                           photo jlmi c.1970

     

     

    Où est la Chine

    Traversée sac au dos

     

    De cantines grasses

    En boutiques

    Encombrées de vélos

     

    Et l’Inde brumeuse

    Aux échoppes

    À thé

     

    Sur le bord du trottoir

    À deux pas du barbier

    Et d’un vieux sage nu

     

    Et le Yang Tsé

    Qui porte les bateaux

    Ainsi que des colliers

    De perles sur l’épaule

     

    Et des radeaux

    Avec des hérons

    Patients sur leur proue

     

    Le Mékong

    Comme un bandeau

    De front tenant la forêt

     

    Et le Gange

    Comme la peau

    D’un beau cul sous le

    Sari trempé

     

    Le Saint-Laurent

    Qui va prendre la mer

     

    Comme on met

    La table d’un banquet

    D’amis

     

    Le plat Mississipi

    Et l’Amazone touffu

     

    Dans les rouges velours

    Du coucher de soleil

    D’un opéra

     

    L’Escaut

    Où sont rangées

    Les boîtes de conserves

     

    De la chimie et du pétrole

     

    Et le Rhin

    Aux péniches écumeuses

     

    Et la Meuse

    Aux écluses paresseuses

     

    Et le Rhône

    Aux cheveux attelés à des

    Nuages bleus

     

    Et le Danube

    Aux larges jupes en vols

    De migrateurs

     

    Et le Nil

    Où embarquent les morts

    Et le reste que j’ignore

     

    Et la Loire souveraine et

    Tranquille

    Où je m’assieds les pieds

    Dans l’eau

     

    Sur les cailloux obliques

    Et usés
     

    Pour parler aux mouettes

     

    Moi qui ne vais plus que

    Du jardin au dictionnaire

     

    Et d’un amour au même

     

    Comme l’eau

    Dans l’eau qui se poursuit

    Elle-même

     

    Conversation à l’intérieur d’un mur (extrait)

    ***  

     

     


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    "Mes Nuits au jour le jour"


     
     
      
     
     

     

     

     

    Un jour

    On va me dire c'est fini

    Mais je ne pourrai pas l'entendre

     

    Je serai à l'écoute de

    L'infini

     

     

     

    Un recueil événement

     

    Fin août 2020, dans le bureau où il écrit ses poèmes, Werner Lambersy confie à la Chouette Imprévue son journal de nuit qu'il déclare d'emblée être son "dernier livre". "Rien de tel qu'un oiseau nocturne pour le publier au grand jour" ajoute-t-il. On se quitte et on se promet de se revoir.

     

    Dans les mois qui suivent, la santé de Werner décline et il finit par nous quitter le 18 octobre 2021. A chacun désormais de découvrir les éclats de nuit de ce grand poète francophone, d'abord et avant tout "l'homme de l'aube", comme nous le rappelle son épouse, la poète Patricia Castex Menier.

     

    Pour acheter le recueil via la boutique en ligne de la Chouette Imprévue : cliquez ici.

     

    Pour télécharger le bon de commande en format PDF allez sur le site de la Chouette Imprévue

     
     
     

     


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  • Mémento du Chant des aec hers de Shu... (extrait subjectif)

    Mark Rothko 1957 n°46

     

    ...

    Plus tard

    Quand plus tard ne voudra plus

    Rien dire

    ...

    ...nous ne saurons plus rien avant

    Le grand black-out

    Qui s'étendra au-dessus des têtes

    Comme une enclume insonore

    Sous un manteau de suie

    ...

    On meurt

    Toujours d'un poème sans pouvoir

    l'achever

    ...

     

     

     

     


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  • inédit... le devisement de la Terre  (extrait)

    ill.  jlmi  2020

     

    Il n’y a plus d’eau

    Il y aura des millions de morts

     

    Il n’y a plus d’air

    Il y aura des millions de morts

     

    Il n’y a plus d’espace

    Il y aura des millions de morts 

     

    Il y a dieu l’argent et la drogue

    Il y aura des millions de morts

     

    Mais il y a nous

    Et le bel enlacement d’amour

    Qui nous libère

     

    De tous ces millions de morts

     


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